Tourisme 2.0 : ce que révèle l'étude “Anatomie de la France Airbnb”

Le tourisme français a profondément changé ces dix dernières années. Avec l’essor d’Airbnb et des plateformes de location courte durée, une nouvelle manière de voyager s’est installée : plus flexible, plus locale, plus économique.

L’étude « Tourisme 2.0 : anatomie de la France Airbnb », publiée par l’Institut Terram à partir de données inédites fournies par Airbnb France, dresse un portrait précis de cette transformation. Voici les points clés à retenir. Elle a été menée par Jérôme Fourquet, Sylvain Manternach et Chloé Tegny.

Nombre de nuitées Airbnb pour 1000 habitants

Airbnb, une pratique désormais généralisée en France

Depuis son arrivée en France en 2012, Airbnb est passé d’un phénomène urbain à un mode d’hébergement courant :

• 81 % des communes françaises proposent au moins une annonce Airbnb.

• À titre de comparaison, seuls 15 % des communes disposent d’un hôtel.

• L’usage de la location courte durée a doublé depuis 2018.

Cette diffusion traduit un changement culturel : les voyageurs recherchent davantage d’autonomie, de confort et de flexibilité.

Une nouvelle géographie du tourisme

L’étude montre une France du tourisme beaucoup plus diversifiée :

Les pôles traditionnels toujours attractifs

Littoraux, stations de ski, grandes métropoles et sites patrimoniaux concentrent encore l’essentiel des nuitées.

Le renouveau des campagnes et des petites villes

L’essor d’Airbnb bénéficie à des territoires longtemps en marge :

• Cévennes

• Cantal

• zones viticoles

• parcs naturels

La location courte durée accompagne la montée du tourisme vert et de l’itinérance douce.

Le rôle central des événements

Festivals, compétitions et grands salons provoquent des pics spectaculaires de réservations, parfois un triplement des nuitées.

Dans les territoires peu dotés en hébergements traditionnels, Airbnb joue même un rôle d’amortisseur territorial, permettant d’accueillir un afflux temporaire de visiteurs.

Un impact économique concret pour les communes

L’essor d’Airbnb soutient l’économie locale de plusieurs façons :

• Les hôtes gagnent en moyenne 3 800 € par an, l’équivalent d’un “treizième mois”.

• Airbnb reverse environ 218 millions d’euros de taxe de séjour à plus de 25 000 communes.

• Dans les petites villes (1 000 à 3 000 habitants), une forte activité Airbnb est corrélée à une plus grande présence de commerces de proximité : boulangeries, cafés, médecins, banques…

Autrement dit, la location courte durée contribue au maintien de la vie locale, lorsque son développement reste maîtrisé.

Qui sont les utilisateurs d’Airbnb ?

L’étude révèle des tendances très claires :

• 1 Français sur 2 a déjà utilisé Airbnb.

• Environ 30 % y ont recours au moins une fois par an.

• Les utilisateurs réguliers sont plutôt jeunes, actifs, diplômés, souvent en famille.

• 57 % sont propriétaires de leur logement.

• Un séjour Airbnb dure en moyenne 5 jours.

• Le principal critère de choix reste le prix, suivi par l’espace disponible et la flexibilité.

Pour beaucoup, Airbnb rend simplement les vacances accessibles : 69 % des utilisateurs affirment que voyager leur coûterait plus cher sans ce type d’hébergement.

Entre opportunités et tensions, la question de la régulation

L’étude rappelle que le tourisme 2.0 pose un défi d’équilibre. Si Airbnb offre des revenus complémentaires, soutient les commerces et permet à des milliers de communes d’accueillir des visiteurs, il génère aussi des tensions :

• Pression sur le logement permanent dans certaines zones très touristiques.

• Hausse des prix immobiliers dans certains littoraux ou centres-villes.

• Crainte d’une moindre accessibilité aux logements pour les habitants.

Pour répondre à ces enjeux, de nombreuses villes ont adopté des mesures :plafond de nuitées pour les résidences principales, numéros d’enregistrement obligatoires, compensation pour transformer un logement en location courte durée…

Le tourisme numérique doit donc s’inscrire dans un cadre équilibré entre accueil touristique, cohésion territoriale et droit au logement.

L'étude complète est à découvrir ici.